Ville d’Aubervilliers

En immersion

publié le 14 mars 2017 (modifié le 21 avril 2017)

De l’Algérie au Mali, en passant par le Brésil, il avait sillonné « le monde qui bouge », à l’affût de « ceux qu’on n’entend pas, qu’on ne voit pas », dit-il. Cette fois, c’est à Aubervilliers, au coeur du quartier des grossistes, que le photographe albertivillarien Camille Millerand s’est immergé.
Pendant un mois, avec un studio ambulant – un Caddie transportant flash, éclairage et imprimante –, il a plongé dans le quotidien des rues de la Haie Coq, des Gardinoux et du Pilier. Avec, au bout du compte, 30 portraits grand format sur les murs de L’Embarcadère, du Conservatoire et du théâtre La Commune.
Une expo organisée par la Direction des Affaires culturelles (DAC) de la ville dans le cadre du Mois de la Photo, avec le soutien du Département et le parrainage de la styliste Agnès B. et de l’éditeur Patrick Le Bescont.

Commerçants, livreurs, acheteurs...

« A la fois artistique et documentaire, c’est un regard aigu et sensible, attaché à l’humain dans un quartier en pleine transformation », estime, à la DAC, Samia Khitmane, commissaire de l’exposition. Camille Millerand montre ceux qui peuplent ce quartier chaque jour. Petits commerçants, livreurs, chauffeurs, acheteurs aux vêtements dernier cri… « Une grande diversité de statuts et d’origines, d’Afghanistan à Saint-Tropez ! » remarque ce trentenaire en jean et bonnet. Il lui fallait d’abord, à chaque fois, obtenir l’accord des intéressés.
« Je me suis fait beaucoup envoyé balader ! Même si j’offrais untirage en contrepartie ». Refus catégorique du côté des gros commerçants, d’autres jouent le jeu petit à petit.
Ce temps passé, cette confiance qui s’instaure… un choix de travail essentiel pour
Camille Millerand. Si, à 20 ans, il a choisi de faire de la photo, c’est « pour raconter des histoires tirées de la vie réelle », héritant d’un discours engagé de ses parents. Son regard se tourne vers « la banalité du quotidien, les moments tout sauf sensationnels, les endroits dits “pas photogéniques” ».
A l’opposé d’un journalisme « à chaud » privilégiant « les prismes établis et clivants ».
Des barrières, il n’en veut pas pour Aubervilliers où il a résidé étudiant, arrivé des
Vosges. « J’ai découvert Paris à travers Aubervilliers », explique celui qui y a créé des liens forts. « L’Omja m’a donné mon premier travail », ajoute-t-il. Intervenant à la Maison de jeunes Emile Dubois, il couvre alors le festival Génération Court. Désormais, il collabore avec Le Monde, Télérama ou Jeune Afrique. Le quartier des grossistes ? « Mon parti pris est d’en parler comme d’un carrefour du monde, sortir du schéma “quartier chinois”. Ne pas cloisonner ».

Naï Asmar

EXPO : LE MONDE EN TROIS RUES

Du 31 mars au 28 avril
Vernissage samedi 8 avril, à 18 h 30
L’Embarcadère, Théâtre La Commune (extérieur), Conservatoire CRR93 (intérieur)
2 et 5 rue Edouard Poisson.

Infos :
Tél. : 01.48.39. 52.46
Courriel : moisdelaphotodugrandparis.com
Accès libre