Salahdine Parnasse, de la cage au ring : l’interview complète
L’ambiance était électrique samedi 4 octobre dernier à l’Adidas Arena de Paris. Devant 8 000 spectateurs bouillants acquis à sa cause, Salahdine Parnasse, 27 ans, double champion de MMA du KSW, a largement dominé l’expérimenté Franck Petitjean (35 combats, 25 victoires, 7 défaites, 3 nuls) de 10 ans son aîné, quadruple champion de France de boxe et ancien champion d’Europe des super-légers.
Auparavant, les spectateurs avaient assisté à 6 combats, dont l’un a vu le jeune Raphaël Monny s’emparer du titre de champion de France des mi-lourds au détriment de Christopher Brugiroux. Cette soirée de gala « 100 % Fight », organisée par Stéphane « Atch » Chaufourier, fondateur de la Atch Académy et manager du prodige d’Aubervilliers, a vu l’opposition Parnasse-Petitjean tourner à l’avantage de l’Albertivillarien, déterminé à prouver qu’il pouvait aussi briller sur un ring. Le challenge n’en était pas moins motivant pour Franck Petitjean, de retour sur le ring plus d’un an après sa retraite sportive.
Une victoire expéditive
À 23 h, les deux boxeurs pénètrent dans l’arène en fusion. Salahdine Parnasse, dans une tenue originale beige ressemblant à une tenue de camouflage, fait sensation et prend l’avantage à l’applaudimètre sur son adversaire en short argenté. Dès la première reprise, le « prodige » impose son rythme. Bien campé sur ses appuis, Parnasse joue de son point fort, le striking. En MMA, ce terme désigne la séquence du combat qui se déroule debout et se rapproche le plus de la boxe anglaise. Utilisant la puissance et la précision de ses coups héritées du MMA, il met la pression à Franck Petitjean et l’oblige à rester très mobile, sur la défensive.
Après 3 minutes, la cloche offre un répit aux deux combattants. Parnasse attaque le 2e round en pleine confiance. La garde haute, il accélère, varie ses coups pour déstabiliser son adversaire. Une pluie de coups s’abat sur Petitjean. À 40 secondes de la fin, Petitjean, acculé dans les cordes, sonné, est compté une première fois par l’arbitre. Salahdine Parnasse revient à la charge et ne laisse pas passer sa chance. Quelques secondes plus tard, il renvoie le boxeur d’Herblay retourne au tapis. Cette fois, c’est fini. L’arbitre arrête le combat, offrant à Salahdine Parnasse sa première victoire en boxe par K-O. en moins de 6 minutes. Un démarrage parfait qui devrait ouvrir grand les portes du noble art à l’Albertivillarien.
« Je veux être champion dans les deux disciplines »
Deux semaines après avoir fait vibrer l’Adidas Arena, Salahdine Parnasse a confié aux Nouvelles d’Auber son ambition : celle d’un double parcours entre MMA et boxe.
Les Nouvelles d’Auber : Vous êtes champion de MMA. Pourquoi prendre le risque de vous lancer dans une nouvelle discipline ?
Salahdine Parnasse : J’ai toujours aimé la boxe anglaise. C’est un sport de valeurs : la détermination, le goût de l’effort, le respect… Quand j’étais ado, je rêvais de faire de boxer. Les trajectoires des grands boxeurs de légende comme Mohamed Ali ou Mike Tyson ont été des sources de motivation inépuisables pour m’entraîner encore et encore et me perfectionner. J’ai fait un peu de boxe en sparring [entraînement libre, sans enjeu de victoire, NDLR] avant de choisir le MMA mais je savais que, tôt ou tard, je monterai sur un ring. Avec ce combat, j’ai réalisé un rêve de gosse mais je ne compte pas pour autant arrêter le MMA !
Il me reste 3 combats à disputer avec le KSW [la plus importante organisation européenne dans la discipline, NDLR]. Cette victoire m’ouvre d’autres portes et j’espère pouvoir évoluer dans les deux disciplines. Devenir champion de boxe et de MMA, ce serait du jamais vu ! L’adaptation technique a été plus facile que prévu. Quand on aime ce qu’on fait, tout est plus simple. Relever un tel défi a été une aventure incroyable.
LNA : Justement, comment avez-vous préparé ce combat ?
SP : Atch [Stéphane Chaufourier, fondateur de la Atch Academy à Aubervilliers et manager de Salahdine Parnasse, NDLR] a tout fait pour que je m’entraîne dans les meilleures conditions. Je ne voulais pas perdre mes réflexes de MMA, donc nous avons travaillé intensément mais sur une courte période de deux mois avant le combat. Beaucoup de cardio, de musculation, d’endurance à la Atch Academy, avec mon préparateur physique Michel Gillot, et des séances de sparring avec mon ami Walid.
LNA : Le MMA vous aide-t-il à performer en boxe ?
SP : Oui. Le MMA me donne une meilleure résistance aux coups et une approche différente du corps-à-corps qui déstabilise les boxeurs classiques. C’est un petit avantage mais la boxe est plus technique. Je devais surtout travailler la technique, le jeu de jambes et les appuis. Avec Arnaud Templier, l’un de mes coachs, je me suis entraîné tous les mardis à BAM l’Héritage, la salle de boxe professionnelle des frères Hallab aux Mureaux qui a vu naître de très grands champions. Le boxeur Enzo Marguerite a bien voulu être mon sparring-partner [partenaire d’entraînement en boxe et dans d’autres sports de combat, NDLR] et m’a beaucoup appris. Quand je suis monté sur le ring, j’étais au top. Bien sûr, j’avais un peu de pression, mais je n’avais pas peur de l’échec. J’étais concentré sur mon objectif.
LNA : Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?
SP : Je n’ai que 27 ans. Je suis encore jeune. J’espère pouvoir combattre jusqu’à 40 ans. J’ai marqué le MMA européen, je veux faire la même chose en boxe. Ces deux sports sont complémentaires. Le MMA est très populaire en France depuis sa légalisation en 2020. J’aimerais en profiter pour raviver l’intérêt du public pour la boxe anglaise un peu en perte de vitesse. La soirée « 100 % Fight » organisée par Atch à l’Adidas Arena a aussi permis de mettre en lumière de jeunes combattants talentueux. La boxe reste le noble art mais le MMA est le sport qui m’a tout appris, avec lequel je me suis tant construit humainement et sportivement.
LNA : Votre prochain combat est-il déjà programmé ?
SP : Pas encore. Ce sera sûrement un combat de MMA en décembre. Je ne connais pas encore l’adversaire, mais ce n’est pas important. Je suis un soldat, discipliné : on me propose un adversaire, je l’accepte. Mon but, c’est d’être prêt à tout moment. Pour l’instant, je savoure, mais j’ai déjà repris l’entraînement. J’ai hâte de remonter sur le ring et dans la cage !
LNA : Comment déconnectez-vous du sport ?
SP : Je ne déconnecte jamais vraiment ! Même à la maison, je regarde des vidéos de combats. Le sport, c’est ma vie. Il m’occupe l’esprit en permanence. Mais, j’ai aussi une vie de famille, une femme et Alma, ma fille de 2 ans et demi. J’essaie de passer du temps avec elles, de jouer avec ma fille, de lui apporter de la joie. Je veux qu’elle ait une bonne image de son père. La famille c’est très important. Quant au sport, l’essentiel ce ne sont ni les titres, ni l’argent, mais les liens créés à la Atch Academy, ma seconde famille.