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Le plan gouvernemental de déconfinement ne tient pas compte des réalités locales

Les annonces du Premier Ministre Edouard Philippe de ce mardi 28 avril concernant le plan de déconfinement progressif de la population à partir du 11 mai confirment ce qu’une grande majorité des maires redoutaient depuis plusieurs semaines.

Il s’agit d’un programme aux contours flous qui ne tient pas compte des réalités locales.

Depuis le début de la crise sanitaire, la ville d’Aubervilliers, les élu-e-s, les agents, les associations n’ont pas ménagé leurs efforts pour veiller au respect des consignes, protéger les plus vulnérables.

Plus que de remplir des missions de service public, nos actions locales de première urgence sont un vrai bouclier face à une crise sociale qui désormais côtoie la crise sanitaire mondiale.

Alors que le Gouvernement continue de nous faire croire qu’il sait où il va, nous poursuivrons, au sein de notre municipalité, nos efforts pour pallier aux insuffisances de l’Etat de plus en plus visibles.

Si le Premier Ministre a annoncé le port obligatoire du masque, notamment dans les commerces, aucune précision n’a été apportée quant aux modalités de distribution.

Parce que nous nous devons d’assurer la sécurité de nos habitantes et habitants, nous avons anticipé. Il y a plusieurs semaines, nous avons passé commande de 160 000 masques dédiés aux Albertivillariennes et Albertivillariens et au personnel communal.

Pour autant les interrogations restent entières. Est-ce par exemple aux collectivités de prendre en charge ce qui relève de la gestion de crise sanitaire nationale? Et pourtant nous sommes en train de mettre en place un dispositif de distribution à l’échelle d’une commune de 90000 habitants tout en respectant les règles de sécurité.

Lors de sa dernière allocution, le président Macron en avait appelé à l’action des maires pour agir face à la crise. Un appel qui sonne creux lorsque nous constatons que les décisions sont prises sans nous consulter.

La rentrée progressive des élèves dans les établissements scolaires à partir du 11 mai en est la preuve.

Comme plusieurs autres maires de France, je me prononce également contre ce retour dans les écoles.

Aubervilliers compte près de 10 000 élèves. Pour assurer les conditions sanitaires, telles que préconisées par le Gouvernement, il faudrait pouvoir compter sur des moyens et des effectifs supplémentaires dans chaque établissement.

En temps normal, cela est difficile. En ces temps de crise, cela relève de l’impossible.

A Aubervilliers, nous avons conscience que l’éloignement de longue durée de certains élèves peut être un véritable frein à leur réussite. Nous le savons d’autant plus que nous alertons les pouvoirs publics depuis des années sur les inégalités que vivent les écoliers, les collégiens, les lycéens de la Seine-Saint-Denis.

Nous resterons mobilisés avec les organisations syndicales, les associations de parents d’élèves, afin que les conditions de retour se fassent lorsque les risques de contamination auront disparu.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore sortis de la crise. Dans les prochaines semaines je prendrais les initiatives de consultation de la communauté éducative et des représentants du personnel communal pour réfléchir aux mesures les plus adaptées pour affronter ensemble l’après confinement dans toutes ses dimensions humaines.

Pour l’heure, nous constatons que dans plusieurs villes de France, certaines et certains ne tiennent pas suffisamment compte des consignes sanitaires.

Nous resterons donc vigilants pour que chacune et chacun puissent les respecter afin de protéger l’ensemble des Albertivillariennes et des Albertivillariens.

Mériem Derkaoui
Maire d’Aubervilliers
Vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis