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Va et ne dérégule plus !

En janvier, Benoît Lambert et François Bégaudeau imaginent la repentance de
la classe dominante dans La Bonne Nouvelle, en direct au théâtre La Commune.

La grand-messe de l’ordo-libéralisme ferait-elle long feu ? Les masques tombés et la vérité enfin révélée, ce sont les fourriers de l’austérité qui se répandent maintenant à annoncer La Bonne Nouvelle de leur repentance.
La religion du marché tout-puissant, c’est fini ? « Ils ont cru sincèrement que le bonheur des peuples et l’avenir du monde passaient par les réformes structurelles, les ajustements budgétaires, la flexibilisation du marché du travail, la dérégulation du secteur financier. Ils ont combattu avec ferveur les archaïsmes et les rigidités, l’immobilisme et les droits acquis. Ils ont aimé avec passion l’avenir, la modernité, la mondialisation et le marché. Puis, un jour, ils ont cessé de croire », résume Benoît
Lambert dans la note d’intention de La Bonne Nouvelle.
Ce dernier et François Bégaudeau, qui signe le texte de la pièce, font apparaître, sur scène, l’aliénation des dominants à travers six personnages – cadres dirigeants du privé, issus des grandes écoles, oeuvrant là dans les medias, ici dans les ministères – embringués dans un séminaire explicitant leur conversion.

Dans le tempo des prochaines élections

Les dominants seraient-ils des croyants comme les autres ? Oui, et c’est bien l’un
des mérites de La Bonne Nouvelle que de mettre à jour, avec les ressorts de la comédie, la foi qui les aura guidés. Ici, le propos des auteurs s’appuie notamment sur La production de l’idéologie dominante, de Bourdieu et Boltanski (1976) et le travail
de Frédéric Lordon sur le régime des passions qui anime le capitalisme.* Concordance des calendriers, La Bonne Nouvelle se propage dans le tempo d’autres prêches et, notamment, dans la perspective rapprochée de l’élection présidentielle…
Et encore… à La Commune, du 7 au 11 janvier, l’on peut voir All the Best from Labour Power Plant, une pièce audiovisuelle qui questionne les relations induites par le
marché du travail. La Source des Saints de John Millington Synge, mise en scène
par Michel Cerda, est programmée du 25 janvier au 2 février : deux mendiants,
aveugles et laids, à qui l’on aura fait croire qu’ils étaient beaux vont recouvrer la vue… mais est-ce y voir plus clair ?
Entre ici jeune public ! Trois chapitres de l’Histoire de France – la Terreur, la Commune de Paris, la Guerre de 14-18 – déclinés à son attention avec Histoires à la
noix de Guillaume Delaveau, à croquer entre les 24 et 28 janvier. Bon appétit,
bonne nouvelle, bonne année !

Eric Guignet

LA BONNE NOUVELLE

Du vendredi 6 au samedi 21 janvier
*Rencontre avec Benoît Lambert
et Frédéric Lordon : Croyance et régime des passions du capitalisme
Samedi 14 janvier, après la représentation

ALL THE BEST FROM LABOUR POWER PLANT

Du samedi 7 au mercredi 11 janvier

HISTOIRES À LA NOIX

Du mardi 24 au samedi 28 janvier

LA SOURCE DES SAINTS

Du mercredi 25 janvier au jeudi 2 février

Théâtre La Commune
2 rue Edouard Poisson.
Tél. : 01.48.33.16.16